[texte également retrouvé dans les archives, me suis dit que l'intéressé aurait la flemme de tout retaper... merci qui ? ^^ ]
I- la prise des armes.
C’était un soir, alors que j’admirais comme tant d’autres soirs, la beauté de la cité reconstruite de Lune d’Argent au crépuscule depuis l’un de ses innombrables balcons. A ceci près que cette soirée là allait changer le train de ma vie à jamais.
Une wyrme de mana s’approcha de mon épaule, mais au lieu de me regarder dans les yeux dans sa dernière torpeur avant que je ne la ponctionne, celle-ci regardait fixement un vide derrière mon dos. C’est alors que je sentis une présence dans la salle qui me faisait dos. Délaissant mon attention de la wyrme, je sortis ma dague, car la créature qui se baladait dans mes appartements ne dégageait nullement une aura elfique. Cependant, la dague n’a jamais été l’arme la plus utile lorsque la créature qui vous scrute est invisible. L’intrus se rapprochait de moi. Alors je me dis que le passé de ma mère me rattrapait, et je m’y étais bien préparée. Je me doutais ainsi de l’origine de celui qui se jouait de mon regard, et donc, de ce qu’il pensait que je soit.
Un sourire se dessina probablement sur mes lèvres lorsque je levai les bras au ciel et prononçai une courte incantation afin de provoquer autour de moi une explosion arcanique de faible intensité, histoire de ne pas abîmer l’appartement. Cela suffit cependant a projeter l’intrus contre un mur, et notamment a le rendre visible. Je le saisis au cou, le plaquant contre le mur, ma dague appuyée sur sa trachée, comme l’on me l’avait enseigné. Ainsi mon agresseur était un gnome chauve portant un tabard crasseux du Bastion de l’Honneur. Ce même bastion où ma mère était sensée faire sa besogne.
« Du calme, jeune elfe. Je ne suis pas ici pour t’agresser », me dit le gnome en laissant tomber au sol une lame fine, de petite taille, qu’il avait dégainée lorsqu’il fut propulsé contre le mur.
« Bonjour Gob, lui dis-je sur un ton ironique. Quelles nouvelles catastrophiques me rapportes-tu encore ? »
« Hum… heureux que tu m’aie reconnue, Kryptonie. A vrai dire je n’y comptais pas trop, étant donné que cela fait déjà 12 ans…. ». Le gnome fronça les sourcils. « Pour répondre a ta question, ta mère n’est pas rentrée depuis un mois ! Et c’est sur ses derniers ordres que j’ai bravé les sentinelles de ce maudit pays, pour te transmettre une copie des documents sur lesquels elle est portée disparue, venant tout droit des autorités du bastion ».
Ce monologue bien que captivant ne parvint pas a m’émouvoir le moins du monde, car un Marchombre ne fait pas un tel voyage sans but personnel.
« Qu’attendez-vous de moi ? entrepris-je tout en lisant dans son regard. Je ne prendrai pas la succession ! jamais ! et de toutes façons, je suis très bien ici, je n’ai aucune envie de risquer ce qui reste de ma famille en prenant la tête de ton organisation de truands et d’assassins, qui se prétendent, de plus, combattants de l’Alliance. Tu n’es d’ailleurs pas sans savoir que les elfes de sang sont en train de conclure de nouvelles alliances, et l’on a pas l’intention de se faire amis de ceux qui combattent les réprouvés qui donnent ce qui leur reste de sang pour sauver nos forêts… »
« Tu ne peux pas renier tes origines, protesta-t-il. Fille de la Marchombre ! Des centaines d’hommes et de femmes sont prêts a mettre leurs armes a ton service, et toi tu les refuses ? »
« Oui, je ne considère cela que comme la seule moitié d’un héritage … »
Il se tut un moment, me fusillant du regard, que je soutint malgré le doute qui parcourait désormais mes veines.
« Ta mère n’aurait jamais due occire ce maudit elfe qui te servait de père, me dit-il. Il n’avait pas mauvais fond. Ni omettre ton éducation par ailleurs…si tu veux mon avis, soupira-t-il. Je suppose qu’il n’y en aura pas plus a tirer de ta sœur… Voici de toutes façons les dossiers qu’elle souhaitait vous léguer. Il y a là ses cartes, avec ses annotations, ainsi qu’une liste d’ennemis du sombre trône, et aussi des gens qui y resteront fidèles. Elle avait prévue, vois-tu, que tu refuserais, et t’a aussi donnée une liste de gens sur lesquels tu pourrait cependant toujours compter. Ses amis les plus proches, entre autres, comme moi. Mais aussi des gens du coté de la horde, qui te seront désormais plus utiles. A présent, je m’en vais, mais sache que l’accès aux capitales et aux campements de l’Alliance te sera désormais refusé, car seul l’influence de ta mère l’avait autrefois permis. »
« Merci, Gob », dis-je en me baissant pour l’embrasser, ce qu’il ne sut me refuser.
« Hum… bon, je vais devoir me débrouiller pour sortir d’ici. Au revoir. Peut-être nous reverrons-nous en Outreterre, tu sait déjà où je combat… officiellement. »
Et il disparu, me laissant seule et sans voix. « Adieu… » parvins-je a murmurer.
Je m’assis et prit le sac et la pile de dossiers que le gnome avait laissé sur la table de verre. D’un geste de la main, je fermai la porte de la pièce, et entreprit la lecture, jusqu’à ce que le soir venu, je m’endorme sur une carte des catacombes d’Hurlevent, la grande capitale des Hommes.
Un bruit dans le lointain, au cœur de l’obscurité, gémissement. Le crépuscule s’étends et la Marchombre gît sans vie. De nombreux cadavres ornent son tombeau, vies emportées par sa lame, trucidante. Elle chevauche la dernière brume, en compagnie du dernier rayon rougeoyant, et rejoint l’esprit de son maître, qui l’attends depuis si longtemps.
II- Réunir pour partir.
Je me réveillai en sursaut, prit une robe pour me changer rapidement, déverrouilla la porte et dévala l’escalier jusqu’au rez de chaussée. Twilight, ma sœur, les yeux écarquillés buvait une de ses écœurantes potions, assise sur son lit. Sans doute avait-elle fait le même rêve, car nous savions toutes deux combien le pouvoir de mère est puissant, même décédée.
« Gob est venu hier soir, commença-t-elle. Il m’est apparu en s’inclinant devant moi, avant de disparaître et de sortir de la ville. Etrange coïncidence que nous rêvions de la mort de mère la nuit suivante… »
« A qui le dis-tu… répondis-je. En fait, il est venu m’apporter les affaires qu’elle nous lègue, ainsi que ses dernières volontés. Comme tu l’a compris, nous ne la reverrons jamais en dehors du rêve ou d’une autre dimension fantôme. »
« J’ose espérer que tu n’a pas… »
« Evidemment que non ! tranchai-je. Prépare tes affaires, nous partons »
« Quoi ? » s’obstina-t-elle désespérément.
« Si quelques Marchombres veulent monter sur le trône, a ton avis, qui seront leurs premières cibles ? Expliquai-je. Il va nous falloir changer de vie. Partir a l’aventure, et cesser cette vie aussi ennuyante que paisible. »
« Je vais chercher Satano, dit-elle alors que je haussais les sourcils. Depuis qu’il s’est retrouvé avec nous chez la nourrice, il ne rêve que d’une chose, avoir les moyens de partir pour combattre tous ceux qui se mettrons en travers de son chemin, et de celui de son peuple. Apparemment, nous avons ces moyens .»
« Nous serons donc quatre… » répondis-je, pensive.
« Quatre ? » s’interrogea-t-elle.
« Il nous fallait quelqu’un d’à la fois fort, instruit, agile, qui connaisse la plupart des recoins de ce monde et, qui plus est, soit du côté de la horde tout en connaissant une bonne partie des terres de l’Alliance. J’ai trouvée son nom et son adresse de couverture dans les registres des assassins. On ne sait toutefois pas vraiment où il se cache… juste une zone dans les clairières de Tirisfal, en pays réprouvé. »
« Bien ! Dans ce cas nous nous retrouverons tous les quatre à Tranquillien, dans une semaine, planifia-t-elle. J’irai chercher Satano et toi tu ira chercher le quatrième. Mais au fait, en quoi servait-il aux Marchombres ? »
« C’est un réprouvé, un espion en fait. Il renseignait les Marchombres sur les activités d’Aragor. Tu te souviens de cet homme ? Il avait levé une sorte de Milice à Hurlevent, mais le jour de la bataille arrivé, aucun de ses hommes ne furent présents, alors il partit seul se noyer dans les ruines de Lordaeron, où des centaines de réprouvés attendaient une armée a leur encontre . Quoi qu’il en soit, le réprouvé dont je te parle a prit pour nom celui de Mortemvici, qui signifiait bien qu’il avait bourlingué des deux côtés de la bannière. Il ermite désormais sans ordres du trône, a l’ouest de Fossoyeuse, à proximité de la route du Sépulcre. Je le trouverai grâce aux cartes que Gob a apporté. Au revoir, ma sœur. »
« Bonne chance » me chuchota-t-elle alors que je quittais la maisonnée, mon bâton à la main, ma dague à la ceinture.
II- Mortemvici.
J’avançais seule sur la route brumeuse des clairières de Tirisfal, vers l’ouest. Après la téléportation de lune d’argent vers les ruines, l’endroit m’avait paru si dégoûtant de malédiction que je n’avais pu me résoudre a entrer dans Fossoyeuse : je m’étais immédiatement lancée sur les routes, et n’avait rencontrée personne dans l’aube qui se levait peu à peu.
Poussée par le vent, ma capuche se replia dans mon dos et je pus alors entendre le bruit peu ragoûtant de la chair animale déchiquetée par un coutelas… ou pire –puisque nous sommes en pays réprouvé- par des dents. En scrutant la brume je parvins a dénicher l’origine du bruit, mais au moment même ou je posai mes yeux sur l’individu –qui, à mon plus grand bonheur, dépeçait simplement un ours- , celui-ci tourna la tête dans ma direction, et un regard jaunâtre éperdu de torpeur se jeta sur moi. Un kunaï siffla en direction de mon crâne, mais termina sa course au creux de ma main. Je reconnu immédiatement l’objet alors que la silhouette de l’assassin disparaissait dans la brume.
« Est-ce là une façon de s’adresser à sa maîtresse, réprouvé ? » dis-je a voix haute et portante.
La réponse vint de mon dos :
« Je n’ai plus de maîtresse, plus de but, sinon continuer a tuer » répondit une voix visiblement dénuée de quelques unes de ses cordes.
J’entendis une nouvelle lame siffler… que le kunaï précédent se fit un plaisir de parer.
« Eh bien, Mortemvici… entrepris-je alors que ce dernier armait déjà son bras décharné d’une autre lame, tout en tirant cette fois une longue et terrifiante épée de l’autre main. …je me nomme… »
Je fus interrompue par la charge de l’assassin, qui bien que parée par mon bâton, me projeta contre une taupinière. Ce qui salit ma robe au plus haut point… malheureusement pour lui. Je décidai de m’énerver : une courte incantation le gela jusqu’au cou –c’est pour dire mon état de fureur- alors que je m’approchais de son horrible visage au regard jaunis par la souffrance.
« Kryptonie CALDIN » lui crachai-je en insistant bien sur le nom de famille.
A ce moment, le réprouvé aurait certainement voulu se trancher lui-même la gorge s’il n’avait été complètement givré. Fermant cependant les yeux en signe de réflexion, il finit par me dire avec un sourire nouveau :
« Que puis-je pour votre service, Mademoiselle Caldin ? »
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